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Article #4 du journal de froggy

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Retour vers la Grèce antique

Utilisateurs occasionnels ou réguliers de Froggymouth vous avez tous reçu des factures émanant d’Orthopolis. Rien d’étonnant pour une société diffusant un produit lié à l’orthodontie mais ce n’est pas le préfixe ortho du grec ancien ὀρθός, orthós (droit : sert pour former des préfixes convoyant l’idée de droiture, justesse, régularité) qui bien que justifié dans ce cadre nous a incité à choisir ce patronyme mais bien la personnalité étonnante d’Orthopolis.

Fils du roi de Sicyone, Plemnaeos, ce souverain ne pouvait conserver aucun enfant vivant. Dès que ses enfants poussaient leurs premiers cris ils mourraient. Si bien que Déméter eut pitié de lui et, revêtant l’apparence d’une étrangère, vint à sa cour où elle éleva le fils Orthopolis qu’il eut alors. Elle sût lever la malédiction qui pesait sur l’enfant, et elle le mena sain et sauf jusqu’à l’âge adulte. Il devint roi, eut une fille Chrysortée qui eut un enfant d’Apollon.

Nous pourrions interpréter ces morts à un défaut du programme de déglutition, fonction vitale. Déméter serait la première orthophoniste et Orthopolis le premier patient ayant été sauvé par une rééducation de la déglutition.

Ce retour vers l’antiquité nous permet d’approfondir le terme sans doute étrange pour vous tous et je le comprends, d’anoétique.

Par opposition à la mémoire noétique ou autonoétique la mémoire anoétique s’exprime sans conscience, directement dans l’action. C’est certainement le mot juste qui reflète la réalité anatomo-physiologique.

J’ai utilisé longtemps les vocables « cortical et sous cortical », mais cela n’était pas tout à fait juste car même lorsque les praxies sont gérées au niveau du tronc cérébral, des zones corticales interviennent. Inconscient ne convient pas plus, cela s’approche plus de « qui échappe à la rationalité ». Le mot de non-conscient respecte plus cette notion de non-intervention d’une structure existante.

Cette mémoire procédurale s’est constituée d’une manière anoétique : vouloir la changer devra procéder par la même par voie. Ne pas respecter cette approche explique les très nombreux échecs utilisant la voie top-down.

Sans utiliser le même vocabulaire on retrouve cette idée majeure dans les travaux de Daniel Kheneman, Prix Nobel d’Economie en 2002, qui a publié en 2012 : Système 1, Système 2. Les deux vitesses de la pensée, un livre dans lequel il décrit deux systèmes dans le cerveau humain, « l’un heuristique, approximatif et rapide, le Système 1, l’autre analytique, exact mais plus lent, le Système 2 ».

Le Système 1 domine notre pensée via des automatismes cognitifs non-conscients qui peuvent être mis en évidence par des études en IRMf. Le Système 2 est un système réflexif qui peut contrecarrer certains automatismes du Système 1 en s’y substituant mais au prix d’un effort conscient et plus lent.

À la lumière de ces éléments on pourrait interpréter notre problématique de rééducation de la déglutition comme suit : la rééducation noétique passe par le Système 2, alors que le programme de la succion-déglutition a été mis en place par voie anoétique et géré par le Système 1. Dans le cas d’une rééducation classique, il existe donc un conflit entre le Système 2 et le Système 1. Dans notre approche de la rééducation, la modification du Système 1 ne passe pas par un effort délibéré et conscient, mais par la mise en place de nouveaux automatismes au sein du Système 1. C’est la notion de confort qui donnera la priorité au nouveau programme.

Patrick Fellus

Bibliographie :

Dictionnaire de la mythologie de Pierre Grimal

Memory and consciousness, Tulving, E., 1985 (Canadian Psychology/Psychologie Canadienne, 26(1), 1-12.)

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